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vendredi 8 février 2013

Méthode permettant d’aboutir à la destruction d’un bel et noble édifice - L’exemple de l’église Saint-Jacques d’Abbeville


Cela faisait plusieurs années que le funeste maire d’Abbeville, Monsieur Nicolas Dumont, voulait faire détruire l’église Saint-Jacques, de style néo-gothique, à cause de sa supposée trop grande détérioration. À présent, on le sait, en dépit des nombreuses protestations, son souhait est sur le point d’être exaucé.
Faisons un petit retour en arrière. Le 18 mai 2010, Didier Rykner* et son équipe, après enquête sur les lieux du futur crime, publia sur le site de La Tribune de l’Art un article intitulé L’église Saint-Jacques d’Abbeville menacée de démolition, dans lequel il contesta, arguments et chiffres à l’appui, les "bonnes raisons" avancées par le maire pour justifier la démolition de l’église, en vain.
Ce dernier a donc fini par gagner, la belle et noble construction est en train d’être détruite.
Profitons de l’occasion pour conseiller ceux, peut-être moins doués, qui voudraient suivre son mauvais exemple.

Comment aboutir à la destruction d’un bel édifice dont vous avez – malheureusement pour lui – la responsabilité ?
Ne l’entretenez pas, laissez-le se dégrader, se délabrer au fil des années, faites preuve d’une incompétence exemplaire, et mentez, mentez autant que vous le pouvez ! La subtilité est d’être incompétent et de mentir en ayant l’air compétent, plus sérieux et plus informé que tout le monde. Une fois que l’édifice ne menace plus de s’écrouler, mais commence à s’écrouler, invoquez la sécurité publique grandement menacée par les chutes de pierres – sécurité publique ayant fini par être menacée uniquement à cause de votre total immobilisme, ne l’oublions pas. Faites venir les bulldozers et les pelleteuses, faites tout raser, et félicitez-vous d’avoir agi de manière totalement désintéressée pour le bien de tous, en rappelant, comme vous l’aviez fait auparavant à maintes reprises, par l’emploi d’arguments apparemment inattaquables (coût de restauration trop élevé, problèmes structurels, sol meuble, etc.), qu’il était, qu’on le veuille ou non, impossible de sauver le bâtiment.
Afin de consolider votre position, qui menace elle aussi de s’écrouler à tout moment, rappelez également que de toute façon c’était ceux d’avant les fautifs, l’ancienne équipe municipale, qui n’a rien fait pour entretenir l’édifice pour lequel vous avez encore moins fait.
Important : N’oubliez pas, n’oubliez surtout pas de ne jamais tenir compte des contre-arguments des personnes plus compétentes, plus intelligentes, et intellectuellement plus honnêtes que vous, ni du scandale provoqué par votre amour des gravats. Ce point est capital.
Bonne chance à tous, et bonne démolition !


* Historien de l'art, journaliste, et fondateur du site La Tribune de l'Art ayant pour sujet l’actualité de l’histoire de l’art et du patrimoine occidental du Moyen-Age aux années 1930.

 
Laurent Gané

1 commentaire:

DUCROS Jean a dit…

Depuis des mois et des mois, le collectif aurait dû engager une action de justice pour non entretien et refus d'employer les moyens de protection nécessaire pour la sauvegarde d'un bien culturel appartenant à la communauté des citoyens d'Abbeville. Comment se fait-il que l'on ait attendu que ce soit la mairie qui ait fait commettre un expert pour constater les dégâts de l'abside dont elle est responsable par incurie. L'incurie administrative se sanctionne dans notre pays. Il est surprenant que cela n'est pas été envisagé depuis longtemps.