Comment réaliser d’appréciables économies de salive ?
Avant de dire une grosse connerie, toujours bien vérifier que Mélenchon ne s'en soit pas déjà chargé ! |
vendredi 30 août 2013
Les carnets de Maxime Sentence
lundi 19 août 2013
vendredi 9 août 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Les banques sont des chevaliers des temps modernes, les Robin-de-la-jungle des temps nouveaux : elles reprennent aux pauvres le peu qui a échappé aux riches.
|
vendredi 26 juillet 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Recommandation gouvernementale en matière sanitaire et sociale : Pour leur santé nerveuse, mais aussi pour la paix sociale et l’ordre public, il est vivement conseillé aux citoyens français d’avaler cinq à sept couleuvres par jour.
|
jeudi 25 juillet 2013
ARTHUR SCHOPENHAUER : Aphorismes sur la sagesse dans la vie
Ce
livre pourrait être vu comme une sorte de manuel de survie pour
homme d’esprit dans un monde sans esprit. Car Schopenhauer, en
prodiguant ses conseils destinés à nous éviter les désagréments
et les malheurs de l’existence, ne cesse de comparer les nombreux
esprits communs aux quelques esprits éminents – pour reprendre sa
formulation –, et il met souvent en garde ces derniers contre les
premiers.
L’auteur,
comme à son habitude, est détaché de toute tentative de vouloir
plaire pour se faire bien voir. Seul compte pour lui l’honnêteté
intellectuelle, la lucidité, la franchise, la hauteur de vue de sa
pensée.
Un
livre quelque peu âpre mais plein de pertinence. Enfin !
Cela dépend pour qui. Car comme le dit Schopenhauer : « le
même événement qui se présente d’une façon si intéressante
dans la tête d’un homme d’esprit, n’offrirait plus, conçu par
un cerveau plat et banal, qu’une scène insipide de la vie de tous
les jours. »
Quelqu’un
doué d’un esprit supérieur – pour reprendre une autre
formulation de Schopenhauer –, et donc avant tout soucieux du vrai,
ne peut être que malmené par un monde, et surtout par une époque
comme la nôtre, car tout y est conçu pour le rabaisser, le
culpabiliser, pour qu’il se sente anormal, insuffisant, ridicule,
grossier, prétentieux.
Lorsqu’il
est encore jeune et désarmé d’expérience pour savoir enfin
fermement quoi penser de telles opinions, celles-ci, malgré le peu
d’estime qu’il leur accorde, provoquent souvent son abattement.
Il
ne conteste pas son orgueil, mais voit bien que la prétention qu’on
lui reproche est en réalité l’agacement provoqué par ses
qualités blessant la prétention de ceux lui reprochant d’être prétentieux.
Il
lui faut du temps pour passer du sentiment d’être inadapté aux
règles communes à cause de certains défauts ou de certaines tares,
au sentiment, puis à la certitude d’être inadapté à cause de
ses qualités et de ses dons.
Comme
le dit Schopenhauer : « C’est
un mauvais symptôme, au point de vue moral comme au point de vue
intellectuel, pour un jeune homme, de se retrouver facilement au
milieu des menées humaines, d’y être bientôt à son aise et d’y
pénétrer comme préparé à l’avance ; cela annonce de la
vulgarité. Par contre, une attitude décontenancée, hésitante,
maladroite et à contresens est, en pareille circonstance, l’indice
d’une nature de noble espèce. »
Voilà
tout Schopenhauer ! Son génie, du meilleur cru, lui permet de
tout remettre à l’endroit.
Il
montre que ce qui est admiré par tout le
monde, servi en exemple, est en réalité très souvent ce qu’il y
a de plus vulgaire. Comme il le dit lui-même : « D’une
manière générale, il est vrai que les sages de tous les temps ont
toujours dit la même chose, et les sots, c’est-à-dire l’immense
majorité de tous les temps, ont toujours fait la même chose, à
savoir le contraire, et il en sera toujours ainsi. Aussi Voltaire
dit-il : "Nous laisserons ce monde-ci aussi sot et aussi
méchant que nous l’avons trouvé en y arrivant." »
Bien
entendu, les esprits de qualité, comme l’explique Schopenhauer,
sont rares. Il ne faut donc pas voir toute personne inadaptée,
décalée, poussée à s’isoler, étrange et prétentieuse pour les
autres, incomprise, éthérée, idéaliste, mal dans sa peau,
désespérée, comme la chanceuse détentrice de qualités d’esprit
exceptionnelles, loin s’en faut !
Ce
livre peut cependant également être utile à des personnes n’ayant
pas un esprit supérieur, mais dont la personnalité, non dépourvues
de qualités, fait qu’elles subissent assez mal l’opinion ambiante bien-pensante
apparemment si sûre de sa valeur. Schopenhauer pourra leur être fort utile en leur donnant des clefs de lecture intemporelles qui leur permettront de savoir quoi penser de cette opinion.
Pour revenir aux esprits supérieurs, ce livre fera d’eux les spectateurs
complices, rassérénés, joyeux, et vengés, d’une puissante
tempête n’emportant sur son passage que les nombreux faux marbres.
On
peut adresser la critique suivante à Schopenhauer qui ne précise
pas que certaines de ses catégorisations et certains de ses
conseils, selon les personnes, peuvent admettre des adaptations
paradoxales, ou des nuances, comme il en admet d’ailleurs pour lui-même.
Par
exemple, il dit qu’un esprit parmi les meilleurs, ayant compris ce
qu’il y avait d’inepte et de malsain dans la société, finit généralement par s’isoler et vivre en ermite. C’est
peut-être souvent vrai, pourtant, lui qui se mettait dans cette
catégorie, cherchait la renommée, c’est-à-dire la reconnaissance
publique, qui ne conduit pas à un isolement complet.
Certes,
même si il recherchait la notoriété, il s’est néanmoins
effectivement retranché dans la création de son œuvre, et lui n’a
pas cherché à jouer le beau vertueux, le gentil bien intentionné,
pour provoquer une plus rapide mais niaise et vulgaire sympathie des
foules. Il rechercha donc la renommée, mais uniquement la renommée
méritée. Il n’en reste pas moins que rechercher la reconnaissance
publique est l’inverse de ce qu’il faut faire si on souhaite
vivre dans un isolement complet.
L’une
des qualités de cet auteur du XIXe siècle est qu’il ne peut être
lu sans que l’on se répète qu’il est décidément fréquemment
un excellent critique de notre époque.
L’égalitarisme ;
le fait de considérer que dans la vie IL FAUT être positif ;
la sociabilité ; l’envie constante de voyager et de se
divertir ; l’affairement incessant ; la poursuite de la
richesse. Signes de progrès, d’épanouissement, et de réussite
pour la grande majorité des gens. Signes de vulgarité d’esprit
pour Schopenhauer. Les extraits au bas de l’article vous montreront
en partie ce qu’il en pensait.
En somme, il plaçait au plus bas ce que nous appelons l’esprit petit-bourgeois, si répandu aujourd’hui. Cet esprit de confort, dans tous les domaines : confort matériel, intellectuel, moral, idéologique, social. Cet esprit "après moi le déluge", mesquin, jouisseur, mercantile, conformiste, poussant les petits-bourgeois à constamment adopter une posture bien-pensante, à être les ennemis médiocres et suffisants du recul sur soi.
Autant de "qualités" qui pour Schopenhauer participent à faire de ce monde une épreuve pour tout esprit supérieur.
On ne peut douter qu’il aurait souverainement détesté notre société de consommation politiquement correcte.
Autant de "qualités" qui pour Schopenhauer participent à faire de ce monde une épreuve pour tout esprit supérieur.
On ne peut douter qu’il aurait souverainement détesté notre société de consommation politiquement correcte.
« Combien
n’en voyons-nous pas, dans un affairement incessant, diligents
comme des fourmis et occupés du matin au soir à accroître une
richesse déjà acquise ! Ils ne connaissent rien par-delà
l’étroit horizon qui renferme les moyens d’y parvenir ;
leur esprit est vide et par suite inaccessible à toute autre
occupation. Les jouissances les plus élevées, les jouissances
intellectuelles sont inabordables pour eux ; c’est en vain
qu’ils cherchent à les remplacer par des jouissances fugitives,
sensuelles, promptes, mais coûteuses à acquérir, qu’ils se
permettent entre temps. Au terme de leur vie, ils se trouvent avoir
comme résultat, quand la fortune leur a été favorable, un gros
monceau d’argent devant eux, qu’ils laissent alors à leurs
héritiers le soin d’augmenter ou aussi de dissiper. Une pareille
existence, bien que menée avec apparence très sérieuse et très
importante, est donc tout aussi insensée que telle autre qui
arborerait carrément pour symbole une marotte.
Ainsi,
l’essentiel pour le bonheur de la vie, c’est ce que l’on a
en soi-même.
C’est uniquement parce que la dose en est d’ordinaire si petite
que la plupart de ceux qui sont sortis déjà victorieux de la lutte
contre le besoin se sentent au fond tout aussi malheureux que ceux
qui sont encore dans la mêlée. Le vide de leur intérieur,
l’insipidité de leur intelligence, la pauvreté de leur esprit les
poussent à rechercher la compagnie, mais une compagnie composée de
leurs pareils, car similis
simili gaudet.
Alors commence en commun la chasse au passe-temps et à l’amusement,
qu’ils cherchent d’abord dans les jouissances sensuelles, dans
les plaisirs de toute espèce et finalement dans la débauche. La
source de cette funeste dissipation, qui, en un temps souvent
incroyablement court, fait dépenser de gros héritages à tant de
fils de famille entrés riches dans la vie, n’est autre en vérité
que l’ennui résultant de cette pauvreté et de ce vide de l’esprit
que nous venons de dépeindre. Un jeune homme ainsi lancé dans le
monde, riche en dehors, mais pauvre en dedans, s’efforce vainement
de remplacer la richesse intérieure par l’extérieure [...] »
« [...]
ce vide
intérieur qui
se peint sur tant de visages et qui se trahit par une attention
toujours en éveil à l’égard de tous les événements, même les
plus insignifiants, du monde extérieur ; c’est ce vide qui
est la véritable source de l’ennui et celui qui en souffre aspire
avec avidité à des excitations extérieures, afin de parvenir à
mettre en mouvement son esprit et son cœur par n’importe quel
moyen. Aussi n’est-il pas difficile dans le choix des moyens ;
on le voit assez à la piteuse mesquinerie des distractions
auxquelles se livrent les hommes, au genre de sociétés et de
conversations qu’ils recherchent, non moins qu’au grand nombre de
flâneurs et de badauds qui courent le monde. C’est principalement
ce vide intérieur qui les pousse à la poursuite de toute espèce de
réunions, de divertissements, de plaisirs et de luxe, poursuite qui
conduit tant de gens à la dissipation et finalement à la misère.
Rien
ne met plus sûrement à l’abri de cette misère que la
richesse intérieure,
la richesse de l’esprit, car celui-ci laisse d’autant moins de
place à l’ennui qu’il approche davantage de la supériorité.
L’activité incessante des pensées, leur jeu toujours renouvelé
en présence des manifestations diverses du monde interne et externe,
la puissance et la capacité de combinaisons toujours variées,
placent une tête éminente, sauf les moments de fatigue, tout à
fait en dehors de la portée de l’ennui. Mais, d’autre part, une
intelligence supérieure a pour condition immédiate une sensibilité
plus vive, et pour racine une plus grande impétuosité de la volonté
et, par suite, de la passion ; de l’union de ces deux
conditions résulte alors une intensité plus considérable de toutes
les émotions et une sensibilité exagérée pour les douleurs
morales et même pour les douleurs physiques, comme aussi une plus
grande impatience en face de tout obstacle, d’un simple dérangement
même. »
« L’homme
intelligent aspirera avant tout à fuir toute douleur, toute
tracasserie et à trouver le repos et les loisirs ; il recherchera
donc une vie tranquille, modeste, abritée autant que possible contre
les importuns ; après avoir entretenu pendant quelque temps des
relations avec ce que l’on appelle les hommes, il préférera une
existence retirée, et, si c’est un esprit tout à fait supérieur,
il choisira la solitude. Car plus un homme possède en lui-même,
moins il a besoin du monde extérieur et moins les autres peuvent lui
être utiles. Aussi la supériorité de l’intelligence conduit-elle
à l’insociabilité. Ah ! si la quantité de la société
pouvait être remplacer par la qualité, cela
vaudrait alors la peine de vivre même dans le grand monde : mais,
hélas ! cent fous mis en un tas ne font pas encore un homme
raisonnable. – L’individu placé à l’extrême opposé, dès
que le besoin lui donne le temps de reprendre haleine, cherchera à
tout prix des passe-temps et de la société ; il s’accommodera de
tout, ne fuyant rien tant que lui-même. C’est dans la solitude, là
où chacun est réduit à ses propres ressources, que se montre ce
qu’il a
par lui-même ;
là, l’imbécile, sous la pourpre, soupire écrasé par le fardeau
éternel de sa misérable individualité, pendant que l’homme
hautement doué, peuple et anime de ses pensées la contrée la plus
déserte. Sénèque (Ép. 9) a dit avec raison : « omnis
stultitia laborat fastidio sui (La
sottise se déplaît à elle-même) » ; de même Jésus, fils de
Sirach : « La
vie du fou est pire que la mort. »
Aussi voit-on en somme que tout individu est d’autant plus sociable
qu’il est plus pauvre d’esprit et, en général, plus vulgaire.
Car dans le monde on n’a guère le choix qu’entre l’isolement
et la communauté. »
« Et
tout d’abord toute société exige nécessairement un accommodement
réciproque, un tempérament : aussi, plus elle est nombreuse,
plus elle devient fade. On ne peut être vraiment
soi qu’aussi
longtemps qu’on est seul ; qui n’aime donc pas la solitude
n’aime pas la liberté, car on n’est libre qu’étant seul.
Toute société a pour compagne inséparable la contrainte et réclame
des sacrifices qui coûtent d’autant plus cher que la propre
individualité est plus marquante. Par conséquent, chacun fuira,
supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur
de son propre moi. Car c’est là que le mesquin sent toute sa
mesquinerie et le grand esprit toute sa grandeur ; bref, chacun
s’y pèse à sa vraie valeur. En outre un homme est d’autant plus
essentiellement et nécessairement isolé, qu’il occupe un rang
plus élevé dans le nobiliaire de la nature. C’est alors une
véritable jouissance pour un tel homme, que l’isolement physique
soit en rapport avec son isolement intellectuel : si cela ne
peut pas être, le fréquent entourage d’êtres hétérogènes le
trouble ; il lui devient même funeste, car il lui dérobe son
moi et n’a rien à lui offrir en compensation. De plus, pendant que
la nature a mis la plus grande dissemblance, au moral comme à
l’intellectuel, entre les hommes, la société, n’en tenant aucun
compte, les fait tous égaux, ou plutôt, à cette inégalité
naturelle, elle substitue les distinctions et les degrés artificiels
de la condition et du rang qui vont souvent diamétralement à
l’encontre de cette liste par rang telle que l’a établie la
nature. Ceux que la nature a placés bas se trouvent très bien de
cet arrangement social, mais le petit nombre de ceux qu’elle a
placés haut n’ont pas leur compte ; aussi se dérobent-ils
d’ordinaire à la société : d’où il résulte que le
vulgaire y domine dès qu’elle devient nombreuse. Ce qui dégoûte
de la société les grands esprits, c’est l’égalité des droits
et des prétentions qui en dérivent, en regard de l’inégalité
des facultés et des productions (sociales) des autres. La soi-disant
bonne société apprécie les mérites de toute espèce, sauf les
mérites intellectuels ; ceux-ci y sont même de la contrebande.
Elle impose le devoir de témoigner une patience sans bornes pour
toute sottise, toute folie, toute absurdité, pour toute stupidité ;
les mérites personnels, au contraire, sont tenus de mendier leur
pardon ou de se cacher, car la supériorité intellectuelle, sans
aucun concours de la volonté, blesse par sa seule existence. En
outre, cette prétendue bonne société n’a pas seulement
l’inconvénient de nous mettre en contact avec des gens que nous ne
pouvons ni approuver ni aimer, mais encore elle ne nous permet pas
d’être nous-mêmes, d’être tel qu’il convient à notre
nature ; elle nous oblige plutôt, afin de nous mettre au
diapason des autres, à nous ratatiner pour ainsi dire, voire même à
nous difformer. Des discours spirituels ou des saillies ne sont de
mise que dans une société spirituelle ; dans la société
ordinaire, ils sont tout bonnement détestés, car pour plaire dans
celle-ci il faut absolument être plat et borné. Dans de pareilles
réunions, on doit, avec une pénible abnégation de soi-même,
abandonner les trois quarts de sa personnalité pour s’assimiler
aux autres. Il est vrai qu’en retour on gagne ces autres ;
mais plus on a de valeur propre, plus on verra qu’ici le gain ne
couvre pas la perte et que le marché aboutit à notre détriment,
car les gens sont d’ordinaire insolvables, c’est-à-dire qu’ils
n’ont rien dans leur commerce qui puisse nous indemniser de
l’ennui, des fatigues et des désagréments qu’ils procurent ni
du sacrifice de soi-même qu’ils imposent : d’où il résulte
que presque toute société est de telle qualité que celui qui la
troque contre la solitude fait un bon marché. À cela vient encore
s’ajouter que la société, en vue de suppléer à la supériorité
véritable, c’est-à-dire à l’intellectuelle qu’elle ne
supporte pas et qui est rare, a adopté sans motifs une supériorité
fausse, conventionnelle, basée sur des lois arbitraires, se
propageant par tradition parmi les classes élevées et, en même
temps, variant comme un mot d’ordre ; c’est celle que l’on
appelle le bon ton, « fashionableness ».
Toutefois, quand il arrive que cette espèce de supériorité entre
en collision avec la véritable, la faiblesse de la première ne
tarde pas à se montrer. En outre, « quand le bon ton arrive,
le bon sens se retire. » »
« Il
existe trois
aristocraties :
1° celle de la naissance et du rang ; 2° celle de l’argent ;
3° celle de l’esprit. Cette dernière est en réalité la plus
distinguée et se fait aussi reconnaître pour telle, pourvu qu’on
lui en laisse le temps : Frédéric le Grand n’a-t-il pas dit
lui-même : « Les
âmes privilégiées rangent à l’égal des souverains ? »
Il adressait ces paroles à son maréchal de la cour, qui se trouvait
choqué de ce que Voltaire était appelé à prendre place à une
table réservée uniquement aux souverains et aux princes du sang,
pendant que ministres et généraux dînaient à celle du maréchal. »
« Nul
ne peut voir par-dessus
soi.
Je veux dire par là qu’on ne peut voir en autrui plus que ce qu’on
est soi-même, car chacun ne peut saisir et comprendre un autre que
dans la mesure de sa propre intelligence. Si celle-ci est de la plus
basse espèce, tous les dons intellectuels les plus élevés ne
l’impressionneront nullement, et il n’apercevra dans cet homme si
hautement doué que ce qu’il y a de plus bas dans l’individualité,
savoir toutes les faiblesses et tous les défauts de tempérament et
de caractère. Voilà de quoi le grand homme sera composé aux yeux
de l’autre. Les facultés intellectuelles éminentes de l’un
existent aussi peu pour le second que les couleurs pour les aveugles.
C’est que tous les esprits sont invisibles pour qui n’a pas
soi-même d’esprit : et toute évaluation est le produit de la
valeur de l’estimé par la sphère d’appréciation de
l’estimateur.
Il
résulte de là que lorsqu’on cause avec quelqu’un on se met
toujours à son niveau, puisque tout ce qu’on a au delà disparaît,
et même l’abnégation de soi qu’exige ce nivellement reste
parfaitement méconnue. Si donc on réfléchit combien la plupart des
hommes ont de sentiments et de facultés de bas étage, en un mot
combien ils sont communs,
on verra qu’il est impossible de parler avec eux sans devenir
soi-même commun pendant
cet intervalle (par analogie avec la répartition de l’électricité) ;
on saisira alors la signification propre et la vérité de cette
expression allemande : « sich
gemein machen »
(se mettre de pair à compagnon, s’acoquiner), et l’on cherchera
à éviter toute compagnie avec laquelle on ne peut communiquer que
moyennant la partie
honteuse de
sa propre nature. On comprendra également qu’en présence
d’imbéciles et de fous il n’y a qu’une
seule manière
de montrer qu’on a de la raison : c’est de ne pas parler
avec eux. Mais il est vrai qu’alors, en société, maint homme
pourra se trouver dans la situation d’un danseur, entrant dans un
bal où il n’y aurait que des perclus ; avec qui
dansera-t-il ? »
« La
plupart des hommes sont tellement personnels qu’au fond rien n’a
d’intérêt à leurs yeux qu’eux-mêmes et exclusivement eux. Il
en résulte que, quoi que ce soit dont on parle, ils pensent aussitôt
à eux-mêmes, et que tout ce qui, par hasard et du plus loin que ce
soit, se rapporte à quelque chose qui les touche, attire et captive
tellement toute leur attention qu’ils n’ont plus la liberté de
saisir la partie objective de l’entretien ; de même, il n’y
a pas de raisons valables pour eux dès qu’elles contrarient leur
intérêt ou leur vanité. Aussi sont-ils si facilement distraits, si
facilement blessés, offensés ou affligés que, lors même qu’on
cause avec eux, à un point de vue objectif, sur n’importe quelle
matière, on ne saurait assez se garder de tout ce qui pourrait, dans
le discours, avoir un rapport possible, peut-être fâcheux avec le
précieux et délicat moi que
l’on a devant soi ; rien que ce moi ne les intéresse, et,
pendant qu’ils n’ont ni sens ni sentiment pour ce qu’il y a de
vrai et de juste, ou de beau, de fin, de spirituel dans les paroles
d’autrui, ils possèdent la plus délicate sensibilité pour tout
ce qui, du plus loin et le plus indirectement, peut toucher leur
mesquine vanité ou se rapporter désavantageusement, en quelque
façon que ce soit, à leur inappréciable moi. Ils ressemblent, dans
leur susceptibilité, à ces roquets auxquels on est si facilement
exposé, par mégarde, à marcher sur la patte et dont il faut subir
ensuite les piailleries ; ou bien encore à un malade couvert de
plaies et de meurtrissures et qu’il faut éviter soigneusement de
toucher. Il y en a chez qui la chose est poussée si loin, qu’ils
ressentent exactement comme une offense l’esprit et le jugement que
l’on montre, ou qu’on ne dissimule pas suffisamment, en causant
avec eux ; ils s’en cachent, il est vrai, au premier moment,
mais ensuite celui qui n’a pas assez d’expérience réfléchira
et se creusera vainement la cervelle pour savoir par quoi il a pu
s’attirer leur rancune et leur haine. Mais il est tout aussi facile
de les flatter et de les gagner. Par suite, leur sentence est,
d’ordinaire, achetée : elle n’est qu’un arrêt en faveur
de leur parti ou de leur classe et non un jugement objectif et
impartial. Cela vient de ce que chez eux la volonté surpasse de
beaucoup l’intelligence et de ce que leur faible intellect est
entièrement soumis au service de la volonté dont il ne peut
s’affranchir un seul moment. »
« Les
gens d’une espèce plus noble et doués de facultés plus élevées
trahissent, principalement dans leur jeunesse, un manque surprenant
de connaissance des hommes et de savoir-faire ; ils se laissent
ainsi facilement tromper ou égarer ; tandis que les natures
inférieures savent bien mieux et bien plus vite se tirer d’affaire
dans le monde ; cela vient de ce que, à défaut d’expérience,
l’on doit juger a
priori et
qu’en général aucune expérience ne vaut l’a
priori.
Chez les gens de calibre ordinaire, cet a
priori leur
est fourni par leur propre moi,
tandis qu’il ne l’est pas à ceux de nature noble et distinguée,
car c’est par là précisément que ceux-ci diffèrent des autres.
En évaluant donc les pensées et les actes des hommes ordinaires
d’après les leurs propres, le calcul se trouve être faux.
Mais
même alors qu’un tel homme aura appris enfin a
posteriori,
c’est-à-dire par les leçons d’autrui et par sa propre
expérience, ce qu’il y a à attendre des hommes ; même alors
qu’il aura compris que les cinq sixièmes d’entre eux sont ainsi
faits, moralement et intellectuellement, que celui qui n’est pas
forcé par les circonstances d’être en relation avec eux fait
mieux de les éviter dès l’abord et de se tenir autant que
possible hors de leur contact, même alors cet homme ne pourra,
presque jamais, avoir une connaissance suffisante de
leur petitesse et de leur mesquinerie ; il aura durant toute sa
vie à étendre et à compléter cette notion ; mais jusqu’alors
il fera encore bien des faux calculs à son détriment. Et ensuite,
bien que pénétré des enseignements reçus, il lui arrivera encore
parfois, se trouvant dans une société de gens qu’il ne connaît
pas encore, d’être émerveillé en les voyant tous paraître, dans
leurs discours et dans leurs manières, entièrement raisonnables,
loyaux, sincères, honnêtes et vertueux, et peut-être bien aussi
intelligents et spirituels. Mais que cela ne l’égare pas ;
cela provient tout simplement de ce que la nature ne fait pas comme
les méchants poètes, qui, lorsqu’ils ont à présenter un coquin
ou un fou, s’y prennent si lourdement et avec une intention si
accentuée que l’on voit paraître pour ainsi dire derrière chacun
de ces personnages l’auteur désavouant constamment leur caractère
et leurs discours et disant à haute voix et en manière
d’avertissement : « Celui-ci est un coquin, cet autre un
fou ; n’ajoutez pas foi à ce qu’il dit. » La nature
au contraire s’y prend à la façon de Shakespeare et de Goethe :
dans leurs ouvrages, chaque personnage, fût-il le diable lui-même,
tant qu’il est en scène et parle, a raison dans ce qu’il dit ;
il est conçu d’une manière si objectivement réelle qu’il nous
attire et nous force à prendre part à ses intérêts ; pareil
aux créations de la nature, il est le développement d’un principe
intérieur en vertu duquel ses discours et ses actes apparaissent
comme naturels et par conséquent comme nécessaires. Donc celui qui
croit que dans le monde les diables ne vont jamais sans cornes et les
fous sans grelots sera toujours leur proie ou leur jouet. Ajoutons
encore à tout cela que, dans leurs relations, les gens font comme la
lune et les bossus, c’est-à-dire qu’ils ne nous montrent jamais
qu’une face ; ils ont même un talent inné pour transformer
leur visage, par une mimique habile, en un masque représentent très
exactement ce
qu’ils devraient être en
réalité ; ce masque, découpé exclusivement à la mesure de
leur individualité, s’adapte et s’ajuste si bien que l’illusion
est complète. Chacun se l’applique toutes les fois qu’il s’agit
de se faire bien venir. Il ne faut pas plus s’y lier qu’a un
masque de toile cirée, et rappelons-nous cet excellent proverbe
italien : « Non
è si tristo cane, che non meni la coda »
(Il n’est si méchant chien qui ne remue la queue). »
« Comme
il faut être novice pour croire que montrer de l’esprit et de la
raison est un moyen de se faire bien voir dans la société !
Bien au contraire, cela éveille chez la plupart des gens un
sentiment de haine et de rancune, d’autant plus amer que celui qui
l’éprouve n’est pas autorisé à en déclarer le motif ;
bien plus, il se le dissimule à lui-même. Voici en détail comment
cela se passe : de deux interlocuteurs, dès que l’un remarque
et constate une grande supériorité chez l’autre, il en conclut
tacitement, et sans en avoir la conscience bien exacte, que cet autre
remarque et constate au même degré l’infériorité et l’esprit
borné du premier. Cette conclusion excite sa haine, sa rancune, sa
rage la plus amère. Aussi Gracian dit-il avec raison : « Para
ser bien quisto, el unico medio vestirse la piel del mas simple
de los brutos » (Pour
être bien tranquille, le seul moyen est de revêtir la peau du plus
simple des animaux). Mettre au jour de l’esprit et du jugement,
n’est-ce pas une manière détournée de reprocher aux autres leur
incapacité et leur bêtise? De plus, une nature vulgaire se révolte
à l’aspect d’une nature opposée ; le fauteur secret de la
révolte, c’est l’envie. Car satisfaire sa vanité est, ainsi
qu’on peut le voir à tout moment, une jouissance qui, chez les
hommes, passe avant toute autre, mais qui n’est possible qu’en
vertu d’une comparaison entre eux-mêmes et les autres. Mais il
n’est pas de mérites dont ils soient plus fiers que de ceux de
l’intelligence, vu que c’est sur ceux-là que se fonde leur
supériorité à l’égard des animaux. Il est donc de la plus
grande témérité de leur montrer une supériorité intellectuelle
marquée, surtout devant témoins. Cela provoque leur vengeance, et
d’ordinaire ils chercheront à l’exercer par des injures, car ils
passent ainsi du domaine de l’intelligence à celui de la volonté,
sur lequel nous sommes tous égaux. Si donc la position et la
richesse peuvent toujours compter sur la considération dans la
société, les qualités intellectuelles ne doivent nullement s’y
attendre ; dans le cas le plus favorable, on les ignore ;
mais, autrement, on les envisage comme une espèce d’impertinence,
ou comme un bien que son propriétaire a acquis par des voies
illicites et dont il a l’audace de se targuer ; aussi chacun
se propose-t-il en silence de lui infliger ultérieurement quelque
humiliation dans un autre domaine, et l’on n’attend pour cela
qu’une occasion favorable. C’est à peine si, par une attitude
des plus humbles, on réussira à arracher le pardon de sa
supériorité d’esprit, comme on arrache une aumône. Saadi dit
dans le Gulistan : « Sachez
qu’il se trouve chez l’homme irraisonnable cent fois plus
d’aversion pour le raisonnable que celui-ci n’en ressent pour le
premier. »
Par contre, l’infériorité intellectuelle équivaut à un
véritable titre de recommandation. Car le sentiment bienfaisant de
la supériorité est pour l’esprit ce que la chaleur est pour le
corps ; chacun se rapproche de l’individu qui lui procure
cette sensation, par le même instinct qui le pousse à s’approcher
du poêle ou à aller se mettre au soleil. Or il n’y a pour cela
uniquement que l’être décidément inférieur, en facultés
intellectuelles pour les hommes, en beauté pour les femmes. Il faut
avouer que, pour laisser paraître de l’infériorité non simulée,
en présence de bien des gens, il faut en posséder une dose
respectable. En revanche, voyez avec quelle cordiale amabilité une
jeune fille médiocrement jolie va à la rencontre de celle qui est
foncièrement laide. Le sexe masculin n’attache pas grande valeur
aux avantages physiques, bien que l’on préfère se trouver à côté
d’un plus petit que d’un plus grand que soi. En conséquence,
parmi les hommes, ce sont les bêtes et les ignorants qui sont en
faveur et recherchés partout ; parmi les femmes, les laides ;
on leur fait immédiatement la réputation d’avoir un cœur
excellent, vu que chacun a besoin d’un prétexte pour justifier sa
sympathie, à ses yeux et à ceux des autres. Pour cette raison,
toute supériorité d’esprit a la propriété d’isoler : on la
fuit, on la hait, et pour avoir un prétexte on prête à celui qui
la possède des défauts de toute sorte. »
Laurent
Gané
▶ Commandez sur Amazon :
▶ Commandez sur Amazon :
vendredi 19 juillet 2013
Les carnets de Maxime Sentence
L’amour est un sport violent dans lequel tous les coups sont permis, mais où l’adversaire est appelé “partenaire”… d’où une certaine confusion.
|
vendredi 5 juillet 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Hormis le cul-de-jatte, il n’y a que le comédien pour se vanter d’avoir monté des marches. Mais ne persiflons pas injustement et convenons qu’au regard de ses facultés intellectuelles, l’exercice relève effectivement de la prouesse psychomotrice.
|
vendredi 21 juin 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Pour être heureux, il faut savoir s’émerveiller de la feuille morte qui tremble sur sa tige, hésitant à se détacher de son arbre, puis se lance dans le vide, à l’aventure, dans l’inconnu, tournoyant dans l’air frémissant d’un douillet après-midi d’automne… jusque dans la crotte de chien qui trône sur le trottoir.
|
vendredi 14 juin 2013
Les carnets de Maxime Sentence
À quel puissant styliste de l’éloquence doit-on ces paroles éternelles :
« La banalisation euh ! des mots euh ! de la haine… favorise, nous le savons, dans le débat public ou sur euh ! internet euh ! le passage euh ! à l’acte… et nous devons euh ! tout faire euh ! pour éradiquer euh ! ces messages euh ! de haine. » sic ! - Jacques Bénigne Bossuet, “l’Aigle de Meaux”, - Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, - Manuel Valls, membre du gouvernement Ayrault, - Georges Perec, membre de l’Oulipo ? Un indice ? « J’ai toujours pensé que j’avais la capacité d’assumer les plus hautes responsabilités de mon pays », aurait récemment déclaré notre bonne réponse (sans considérer, à l’évidence, qu’il serait bien inspiré de commencer par assumer les siennes !). |
vendredi 31 mai 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Les chômeurs pourraient se montrer plus respectueux du travail qu’ils fournissent aux agents du Pôle emploi !
|
mardi 28 mai 2013
Les français deviennent de plus en plus réactionnaires
Plus la situation des
français s’aggrave, plus on cherche à effacer ce qui les
caractérise, et plus ils semblent devenir réactionnaires.
Le nombre très important
de gens ayant manifesté contre le « mariage pour tous »
le montre.
Le problème, si j’ose
dire, n’est pas tant le mariage des homosexuels que ce qui
l’accompagne, et notamment la théorie du genre, pensée pour nier
les différences naturelles entre les hommes et les femmes ;
théorie s’inscrivant dans la liste des bouleversements sociétaux
de ces dernières décennies destinés à tout subvertir, à plonger
dans le brouillard les repères fondamentaux, à jeter la confusion
dans les esprits, à paralyser le bon sens, le tout appuyé par une
campagne de culpabilisation permanente. Ainsi aliénés, les
individus sont censés être empêchés de réagir et s’opposer à
l’instauration d’un totalitarisme financier mondial.
Si le déroulement de ce
plan rencontre de sérieux succès, paradoxalement, il se heurte à
une opposition de plus en plus importante.
Dans les années 90, la
majorité des français semblaient pouvoir tout accepter.
Au début des années
2000, et surtout en 2002, avec l’accession au second tour de
l’élection présidentielle de Jean-Marie Le Pen, le mécontentement
s’est fait plus nettement sentir.
Dans les années 2000,
les sites et blogues réactionnaires se sont multipliés et ont reçu
de plus en plus de commentaires approbateurs. Ce furent ensuite les
sites des grands médias qui reçurent de nombreux commentaires
critiquant l’idéologie bien-pensante défendue par lesdits médias.
On
constate donc une progressive libération de la parole réactionnaire.
Une parole réactionnaire, soulignons-le, de plus en plus portée par
des jeunes.
Aujourd’hui,
avec le très grand nombre de manifestants s’étant opposés au
« mariage pour tous », un nouveau palier a été franchi.
Même les accusations de fascisme, de nazisme, et d’homophobie,
destinées à briser le mouvement, n’ont eu aucun effet.
On
remarque d’ailleurs que pour un nombre croissant de gens, c’est
l’idéologie de gauche qui est "fasciste"
et tyrannique.
Cela
dit, l’acharnement de Frigide Barjot à vouloir que le mouvement
qu’elle représente soit considéré comme dépourvu de la moindre
parcelle de violence ou de franche colère, montre que la
culpabilisation fonctionne encore. Au point même que l’on se
demande si il n’aurait pas été refusé à Jésus lui-même de
participer aux « manifs pour tous », au motif qu’il
avait chassé les marchands du temple à coups de fouet. Trop violent
Jésus ! Il
risquerait de donner
une mauvaise image.
Quant à François
Hollande, il pense que les français aujourd’hui en colère
finiront par se calmer, habitué qu’il est de les avoir vu si
souvent rentrer dans le rang. Il n’a peut-être pas tort. Mais le
mécontentement dépasse cette histoire de « mariage pour
tous ». De plus en plus de français comprennent que François
Hollande et son gouvernement ne sont pas là pour les défendre, mais
pour aider à mettre en place ce totalitarisme financier mondial dont
j’ai parlé.
De plus en plus de
français voient qu’on leur ment, qu’on les méprise, et qu’on
les mène au désastre, tant sur le plan économique que sur le plan
sociétal. La colère peut donc passer, ou ne pas passer, voire
grossir.
Laurent Gané
vendredi 24 mai 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Communautarisme, affrontements idéologiques, ethniques et religieux, corruption, surendettement… Cela ne vous rappelle rien ?
|
mardi 14 mai 2013
PÊLE-MÊLE
J’aimerais que François Hollande arrive rapidement au bout de son quinquennat, ne serait-ce que pour voir revenir le beau temps, car je n’ai rien contre l’hiver en hiver, l’automne en automne, mais si on doit ajouter à ça l’hiver au printemps, et l’automne en été, non ! Et depuis qu’il est en charge de finir de détruire la France, voilà ce qu’on a.
Dans les contes, lorsqu’un royaume est sous l’emprise d’un sortilège, la plupart du temps tout est gris, froid, et plongé dans un hiver sans fin. Un héros libérateur arrive, conjure le mauvais sort, et soudain, les glaces fondent, la verdure apparaît, un soleil éclatant vaporise les lourds nuages, les fleurs éclosent, les oiseaux chantent, et la joie revient. À la tête de l’État, celui d’avant, déjà, était une catastrophe, mais François Hollande est pire. Il est d’une effrayante nullité. Les gens ayant voté pour lui sont des êtres étranges. Ils semblent avoir été épargnés par l’évolution. Ils me font penser à ces animaux primaires dont les spécialistes disent qu’ils ont peu changé depuis la préhistoire. Voter pour François Hollande en se disant qu’il sera compétent, qu’avec lui enfin les problèmes seront résolus, mais quel genre de personnes faut-il être pour penser de telles choses ? Et comment les définir en restant poli ces personnes ? Dans un français correct, un vide peut-il être titanesque ? Non, et pourtant, cette formulation pourrait être admise pour définir l’esprit d’un électeur de François Hollande si l’on considérait qu’elle était l’expression du trouble ressenti par celui qui l’emploierait en songeant que son avenir dépend en bonne partie des considérations, des choix, et donc du vote de tels individus. |
samedi 11 mai 2013
vendredi 10 mai 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Il est parfois préférable de mentir pour protéger ceux qu’on aime… soi, par exemple !
|
mercredi 8 mai 2013
Soyez une femme libérée, devenez femme au foyer
Autrefois,
les femmes faisaient de la couture, du tricot, ou de la broderie.
D’après les féministes, ce n’était pas leur nature qui les
poussait vers ce type d’activités, mais les règles
phallocratiques et oppressives de la société. Elles voulaient donc
libérer les femmes des hommes qui selon elles les réduisaient à
n’être que des mères, des épouses, et à s’occuper des tâches
ménagères.
La
libération de leur sexe en poche, les femmes des nouvelles
générations auraient été vues comme des folles ringardes si elles
avaient dit préférer la couture et le tricot aux boîtes de nuit.
La
femme moderne émancipée se devait de ne plus confectionner
vêtements et accessoires, mais de les acheter, ainsi que tout ce
dont elle avait besoin. Être libérée des tâches "aliénantes",
c’était en réalité acheter ce que proposait la société de
consommation.
Cela
ne veut pas dire que l’ancien système n’était en rien
critiquable, mais il serait naïf de croire que le but était de
"libérer"
les femmes pour les "libérer".
"Libérer"
les femmes, c’était excellent pour le mondialisme marchand.
D’ailleurs, elles n’étaient pas seulement encouragées à sortir
en boîte, mais également à avoir un emploi salarié. Excellent
pour le mondialisme marchand ça aussi !
De
plus, salarier l’homme et la femme permettait de faire éclater
l’organisation sociale traditionnelle et culturelle afin de la
remplacer par les nouvelles règles idéologiques et comportementales
du mondialisme marchand. C’est en partie pour
cette raison que les enfants finirent par être principalement
éduqués par leur troisième parent : la télévision –
autant dire la société marchande –, qui d’ailleurs ne devait
pas éduquer que les enfants, mais devait aussi rééduquer les
parents.
Quant
aux femmes ayant aujourd’hui un travail et des enfants, lorsqu’on
sait ce que sont leurs journées, on hésite à penser qu’elles ont
été libérées.
Et
puis certaines choses se sont inversées. Depuis quelques années,
les femmes raffolent des loisirs dits créatifs. On ne compte plus
les nouveaux magazines de couture, de tricot, de broderie, de
crochet. Des sites permettant de montrer et vendre ce qu’on à
confectionné rencontrent un grand succès. À la mode également, la
décoration intérieure, la cuisine – qui intéressent aussi les
hommes –, la pâtisserie. Tout ce qui "aliénait"
les femmes d’autrefois !
Certains
diront : Oui, mais le contexte a changé. D’accord, mais ce
n’est pas à la mécanique ou à l’électronique qu’elles ont
choisi de s’adonner.
De
plus, elles disent que leurs nouvelles anciennes activités les
détendent, leur permettent de s’épanouir, les libèrent de leurs
préoccupations professionnelles.
C’est
un fait, les gens ont de plus en plus de comportements réactionnaires,
sans en être conscients, en même temps qu’il se disent très
souvent anti-réactionnaires. Car les loisirs créatifs, le bio,
l’écologie, la production locale, la recherche d’authenticité,
que cela plaise ou pas, c’est réactionnaire ! Il ne s’agit
de rien d’autre que la remise en service du mode de vie de nos
aïeux, repeint aux couleurs "gentilles"
et hypocrites de notre époque, auquel s’ajoutent l’augmentation
du nombre des propos réactionnaires dans les médias, et surtout sur
internet.
Inconsciemment
ou consciemment, cette "maudite"
identité charnelle résiste, se rebiffe même, et vient contrarier
les plans de domination des mondialistes marchands.
Libérer
les femmes, féminiser les hommes, ouvrir les frontières, ça n’a
pas suffit.
Le Système poursuit donc son travail de sape, entre autres avec la
théorie du genre, que l’on peut considérer comme le pendant du
mariage pour tous. Désormais, il sera inadmissible d’affirmer
qu’une personne de sexe masculin est forcément un homme et qu’une
personne de sexe féminin est forcément une femme. L’objectif est
d’amener à penser, au nom de "l’égalité",
que les différences entre les sexes sont subjectives, et donc
n’existent pas.
Du
passé, et de la réalité, il a été décidé de faire table rase.
Ou : comment dépersonnaliser pour mieux manipuler ?
Laurent
Gané
vendredi 3 mai 2013
Les carnets de Maxime Sentence
Il ne faut pas exagérer : toutes les crapules ne sont pas “experts en communication” !
|
mardi 30 avril 2013
Dies iræ (1)
Version actualisée en 2013
Le jour de la colère. En 2010 et surtout en 2011, se déroulèrent des événements grandioses dans une partie de notre planète. Un raz-de-marée, expression de la colère de populations d'ordinaire soumises à leurs dirigeants, déferla sur le monde arabe. Ces événements m'ont conduit à réfléchir sur la situation des pays occidentaux qui semblent pour le moment à l’abri de tels séismes. Après tout, ce sont nos médias qui l’affirment : ne sommes-nous pas en démocratie ? C’est précisément cette démocratie occidentale que je souhaiterais observer sous un angle précis : celui des élections des représentants du peuple.
Une question de mots
Les termes liés aux phénomènes sociaux (démocratie, capitalisme, communisme, volonté populaire, etc.) ont un caractère polysémique. Étant donné que la plupart des locuteurs ne mettent pas la même chose sous les mêmes mots, il s'ensuit des malentendus, voire une incompréhension totale. Cette dernière est d'ailleurs largement alimentée par les médias et les politiciens qui, utilisant le mot "démocratie" à tout propos et de façon intempestive, ont transformé ce terme en véritable "tarte à la crème". Afin d’éviter les confusions, je nommerai dans cet article : démocratie parlementaire ou démocratie tout court, le système politique d'un pays occidental souverain : la France, l'Allemagne, les États-Unis etc. L'existence de partis politiques, de représentants élus par les citoyens, d'une constitution ou d'une assemblée nationale sont des exemples d'éléments constitutifs du système politique en question. Je souhaite enfin préciser que je considère, dans cet article, la démocratie comme un objet d'étude et que je ne veux porter sur elle aucun jugement de valeur.
Démocratie réelle et démocratie mythique
Dans les médias, dans les discours des hommes d'État occidentaux ou bien dans de nombreux ouvrages spécialisés, le terme de "démocratie" revêt toujours une connotation positive. Ce simple fait est à lui seul hautement significatif d'une utilisation idéologique de ce terme. En effet, peut-on imaginer un quelconque système politique ne comportant que des qualités ? La démocratie parlementaire réelle et non point mythique ne fait pas exception à la règle. Elle recèle certes des qualités (autrement dit, des phénomènes qu'une majorité de citoyens perçoivent comme positifs) mais aussi des éléments qui jettent le désarroi dans l'esprit de nos contemporains. Ces éléments constituent en quelque sorte le « revers de la médaille » de notre système politique. En effet, beaucoup d’entre nous s'inquiètent de l'importance de phénomènes tels que les groupes de pression (lobbyisme), le train de vie des élus, les liens entre le monde de la politique et celui des affaires, le financement occulte des partis, les scandales dans lesquels trempent des politiciens, etc. Ces quelques exemples suffisent à faire comprendre ce que je veux dire. A mon sens, ces phénomènes sont les éléments constitutifs d'une démocratie parfaitement réelle et non point mythique (idéalisée). Comme l'affirme le proverbe : il n'existe pas de bien sans mal. Selon moi, ces défauts de la démocratie parlementaire ne sont pas l'effet du hasard mais découlent du fonctionnement du système au quotidien ; les éradiquer totalement ne dépend point des discours des journalistes ou des décisions des hommes d'État, aussi bien intentionnés soient-ils. Ces défauts font bon ménage avec d'autres phénomènes qui sont en revanche perçus comme des qualités par les citoyens. Tel est le cas de l'élection des représentants du peuple aux plus hauts niveaux de l’État (députés, sénateurs, présidents, etc.) Ce choix des élus est une spécificité de notre système politique.
Une crise de confiance
Comme nous venons de le noter, le droit de choisir ses représentants constitue un élément important de la démocratie parlementaire. Cependant, nombre d'électeurs pensent que leur vote n'améliorera en rien leur quotidien et s'interrogent sur l'utilité réelle des élections. S'estimant victimes d'un jeu de dupes, certains s'abstiennent de voter alors que d'autres accomplissent sans aucune conviction leur devoir de citoyen. Selon le mot célèbre de Jacques Duclos, ces électeurs désenchantés ont conscience de choisir entre "bonnet blanc et blanc bonnet". Selon moi, ce désarroi et cette désaffection sont les conséquences de plusieurs facteurs. Arrêtons-nous brièvement sur trois de ceux-ci.
Élections et "hollywoodisation"
Le système politique ne constitue qu'une partie de la structure étatique d'un pays occidental. Composé d'élus du peuple, ce système cohabite avec un appareil bureaucratique dans lequel travaillent des dizaines de milliers de fonctionnaires. Cependant, les médias ne manifestent de l’intérêt que pour les élus, dont le nombre est pourtant bien inférieur à celui des fonctionnaires d'État. Lors des campagnes électorales, l'attention portée par les médias aux politiciens de haut vol est décuplée et atteint son paroxysme. Durant ces périodes, les principaux moyens de communication créent de véritables cultes des hommes politiques les plus en vue, comme si le destin du pays dépendait du discours prononcé par Monsieur X ou bien de la prestation télévisée effectuée par Monsieur Y. La une des journaux se remplit de faits mineurs de cette nature et les médias organisent toutes sortes de mises en scène tapageuses. Cette "hollywoodisation" de la vie publique a le double mérite de distraire les citoyens et de masquer l'absence totale ou quasi totale d'idées et de programmes. Voter consiste alors à légitimer l'octroi de fonctions publiques à tel ou tel personnage que les médias et les agences de publicité ont mis en valeur de façon à faciliter son élection. Le candidat devient un « produit artificiel » fabriqué de toutes pièces pour le jour du scrutin.
Élections et bipartisme
Depuis la fin de la guerre froide, la tendance au bipartisme s'est renforcée en Europe : à une droite libérale s'oppose une gauche socialisante. Il s'agit, selon les pays, de copies plus ou moins conformes du modèle américain : démocrates et républicains. Depuis l'effondrement du bloc de l'Est, l'idéologie occidentale s'est lancée dans une opération de grande envergure. Journalistes, sociologues, politiciens et experts de tout poil ont redoublé d'efforts pour convaincre les électeurs d’élire des candidats se réclamant de partis "ayant vocation à gouverner" (selon l’expression consacrée). Débarrassée de sa gangue idéologique, cette expression bien connue signifie : partis ne représentant aucun risque pour l'ordre social existant. Même si elles proposent des programmes légèrement différents, les formations politiques participant au bipartisme ont en commun le fait de soutenir notre mode de vie. Convaincre l’électeur d'adhérer au bipartisme revient à cantonner le pouvoir des urnes dans des limites que les forces influentes de la société jugent acceptables. Il s'agit bel et bien de restreindre ce pouvoir afin qu’il ne représente aucun danger pour l'ordre social.
Élections et classe politicienne
Beaucoup de citoyens ont clairement conscience qu'existe une classe (une catégorie) de professionnels de la politique. Dans son étude fondamentale consacrée à la société occidentale (2), le philosophe russe Alexandre Zinoviev note que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, cette classe a non seulement augmenté d'un point de vue numérique mais qu'elle a accru son rôle dans la société. Ces professionnels de la politique ne font pas carrière d'une manière solitaire mais au sein de partis, de mouvements et d'organisations ; ils jouissent d'un niveau de vie élevé : salaires enviables et avantages en nature, relations avec le monde des affaires, honoraires d'appoint, etc. Même s'ils ignorent les "dessous" de la vie politique, la majorité des citoyens savent cependant qu'ils sont fort peu reluisants. Les scandales qui éclatent de temps à autre permettent d’ailleurs au commun des mortels d'entrevoir les coulisses du monde de la politique. S’ensuivent l’indignation, la désillusion et l’amertume. Décrivant dans son opuscule "le Prince" le comportement des puissants de son temps, Nicolas Machiavel notait que la ruse, le cynisme, la trahison et le mensonge sont des traits psychologiques que les hommes d'État doivent développer s'ils veulent garder le pouvoir. L'analyse du Florentin reste et restera d'actualité. Les politiciens les plus en vue appartiennent à "l'élite" de la société, c'est-à-dire aux couches supérieures du monde occidental. Obsédés par leur carrière, ces professionnels de la politique ne se soucient de leurs électeurs que dans la mesure où ils ont besoin d'eux le jour du scrutin. Sans en être pleinement conscient, le citoyen contribue à perpétuer, par le simple fait de voter, l'existence de cette classe politicienne intimement liée au monde idéologico-médiatique et à celui des affaires.
La conclusion
Sur la base des quelques considérations qui précèdent, il serait faux de conclure que le pouvoir des urnes est aujourd'hui réduit à l'état de pure fiction. En choisissant de voter, par exemple, pour tel candidat plutôt que pour tel autre, nombre d’électeurs expriment une réelle préférence. Cependant, il est clair que la fonction essentielle du vote revient à accorder une légitimité à des individus désireux d'acquérir une parcelle de pouvoir. Quant au libre arbitre de l’électeur, il subit de fortes manipulations destinées à l’orienter dans une direction bien précise. Avant de mettre un terme à ce bref article, je voudrais ajouter ceci : l’idéologie occidentale a indéniablement obtenu des succès en matière de conditionnement des esprits (c’est "le lavage de cerveaux en liberté", selon l'expression de Noam Chomsky) (3). Cependant, l’idéologie ne peut pas tout. La situation actuelle des pays occidentaux montre que la confiance en la force des urnes ainsi que l'attrait pour le bipartisme sont à la baisse, alors que grandit le mécontentement social. Dans les années à venir, pourraient accéder au pouvoir des partis étrangers au bipartisme, qui auront réussi à focaliser les états d'âme oppositionnels des électeurs. Il n'est pas exclu non plus que le mécontentement populaire s'accumule et finisse par éclater avec violence. Ce jour-là, la voix du peuple ne s'exprimera pas par le biais des urnes mais par la révolte. C'est alors que le monde occidental connaîtra lui aussi son jour de la colère.
(1) Jour de colère.
(2) Je pense en particulier à "L'occidentisme", Plon, 1995. Beaucoup d'ouvrages d'Alexandre Zinoviev consacrés à la société occidentale ne sont malheureusement pas disponibles en français.
Fabrice Fassio
vendredi 19 avril 2013
Les carnets de Maxime Sentence
La croissance du pouvoir d’achat des policiers et gendarmes en ces temps de disette nationale ? Diable ! la question fait débat. Une solution existe pourtant, épargnant, cela va de soi, les deniers publics : opérer un roulement des effectifs basés à Marseille, un turnover, comme disent nos amis Anglais en leur charmant patois. Fortune faite, chaque fonctionnaire de police, ou autre valeureux serviteur de l’État affecté à l’eldoradesque* “cité phocéenne”, se verrait muté dans une autre région de France ou de Navarre, tout aussi accueillante mais d’une munificence plus étroite, plus mesurée, afin de permettre à l’ensemble de ses collègues de profiter chacun son tour, sous le climat ripou de la très corruptifère* et si bien nommée Cane-cane-canebière… de l’arrosage automatique !
*Eh oui ! nos dictionnaires sont de gros étourdis — sans doute l’avez-vous remarqué vous aussi ; dans leur course éperdue d’avance à la dernière mode, ils laissent échapper des mots et des concepts bien plus utiles pourtant que nombre des dernières foucades langagières arrachées au brouhaha des cours de récréation. Ah les amis ! vivement mon fauteuil à l’Académie ! |
Inscription à :
Articles (Atom)